En utilisant le concept de généalogie de Michel Foucault, cet article propose deux doubles thèses sur l’improvisation dans le jazz. La première est un diagnostic historique : une fois que la notion d’œuvre musicale écrite est devenue le paradigme esthétique pour évaluer la musique en général, la pratique orale de l’improvisation a été marginalisée. La seconde thèse est que la perception négative de l’improvisation est en relation avec les corps sonores qui la jouent. Tout langage implique un code phonétique : certains sons ne sont pas seulement admis mais aussi admirés, tandis que d’autres sont refusés et rejetés. La culture occidentale vidéocentriste et graphocentriste considère qu’un son ne peut être connu et compris que s’il est décomposé en segments visuels et/ou écrits.
Ces thèses sont développées à travers l’analyse des différences ontologiques entre voir et écouter et des cas de John Cage et du jazz. Celui-ci en particulier montre que la relation fondamentale de l’improvisation avec la capacité d’exploiter la musique corporelle produite par la peau, la bouche, la langue, les lèvres, le torse, les bras, les mains des joueurs pour réaliser incessamment une communion entre musiciens et public. En savoir +