Accordage et contretemps – Harmonies entre mère et bébé *

Tout au long de la gestation, une spectaculaire orchestration biologique est mise en œuvre alors que les battements du cœur marquent le temps comme un compte à rebours. L’expérience du temps, le temps subjectif par opposition au temps des horloges, se reflète dès les débuts de la conscience humaine par les rythmes biologiques mais aussi par la rythmicité de l’environnement social, des interactions vocales et corporelles qui parviennent au fœtus de l’extérieur. Des recherches ont souligné l’importante sensibilité auditive du fœtus in utero : il reconnaît la voix de sa mère, un air musical familier, il s’oriente et s’anime lorsqu’il rencontre des sons intéressants, mais se détourne et se replie lorsqu’il entend des sons désagréables.
Heidegger concevait l’être comme indissociable de la temporalité, mais nous pourrions aussi dire que la temporalité naît du rythme et de la répétition.

Entre adultes, l’interaction sociale est clairement organisée sur des bases rythmiques. L’observation fine de conversations filmées visionnées au ralenti révèle une remarquable dynamique où chaque geste, chaque haussement des sourcils, chaque début de phrase a lieu à un moment particulier qui, parallèlement au langage, joue un rôle fondamental dans la transmission du sens. Mais déjà les tout petits bébés, et même ceux nés avant terme, semblent capables d’entrer en phase, de se synchroniser aux adultes par leurs expressions corporelles et en particulier vocales. En savoir +