Afin de mieux définir le genre spontané, cette étude se propose d’en illustrer quelques aspects spécifiques au travers de deux formes d’oralité fort éloignées l’une de l’autre, le dialogue de parole française et la poésie improvisée en langue marathi par des chanteuses paysannes indiennes. Ces productions sont toutes deux en fait des improvisations à partir de thèmes donnés. Cet article dégage les principales caractéristiques d’une production spontanée au niveau des formes, des fonctions, et des acteurs mis en scène. Nous sommes ainsi amenés à préciser le rôle de la subjectivité en prosodie, et à préciser de manière concrète l’espace, les indices, les contours qui lui sont dévolus. Alors que l’intonation est un processus de globalisation qui exprime une force de cohésion, dans la parole aussi bien que dans le chant, l’excursion prosodique dans le mélisme est une force d’individuation qui met en œuvre une force de dissociation. Sous des formes de variabilité distinctes, propres à ces domaines de communication très différents, nous essayons de montrer que les contours prosodiques mis en œuvre en parole et dans les chants de la mouture, relèvent d’une sorte d’unicité des moyens prosodiques, pour ne pas dire d’invariant. En savoir +
Geneviève Caelen-Haumont & Bernard Bel
Laboratoire Parole et Langage, UMR 6057 CNRS, Aix-en-Provence